R
rahat-loukoum
[…] les churbets roses invitent la soif, le sucre candi en pyramides, le rahat-lokum, pâte gélatineuse, friandise des harems que crie le Chékérdji [confiseur], attirent les gourmands.
Comtesse de Gasparin
À Constantinople
Elle posait sa main sur ma tête enfantine
Me donnait des loukoums poudrés comme ses doigts.
Aragon
Le roman inachevé
Il suce un lukum à la rose, mordille une galette salée, et s’absorbe dans le souvenir de son Charlie.
Colette
Claudine à Paris
Amadeo Preziosi (1816-1882), Confiseur.
Pendant les mystérieuses sorties que Willy faisait l’après-midi, j’emmenais Colette faire des courses ou goûter (un peu, mon Dieu, comme le plus jeune secrétaire d’ambassade s’occupe du thé de l’ambassadrice. Seulement, c’était pour moi non un devoir mais un plaisir).
Nous allions chez Hédiard chercher des bananes, fruit alors exotique, des confitures de patates, du Rahat Loukoum tout poudré de sucre fin et ce délicieux “ Halva ” en boîtes huileuses, friandises délectables !
X. M. Boulestin
À Londres, naguère…
Beignets au miel délicieusement élastiques, loucoums et nougats au sésame pour la terminaison et les rots de satisfaction !
Albert Cohen
Belle du Seigneur
raisin
Après en être partis, nous marchâmes, durant trois jours, dans une plaine où se trouvaient des villages habités par des Curdes. Il y a dans chaque station un ermitage, où le voyageur trouve du pain, de la viande et des sucreries. Leurs sucreries sont faites de sirop de raisin mélangé avec de la farine et du beurre.
Ibn Battûta
Voyages, I, De l’Afrique du Nord à La Mecque
Coll. A. P.-R.
Je quittai Soûr pour aller à Saïdâ [Sidon, le principal port de Damas]. Elle est belle et fournit des fruits abondants. On en exporte en Égypte des figues, des raisins secs et de l’huile d’olive.
Ibn Battûta
Voyages, I, De l’Afrique du Nord à La Mecque
— Nous allons chercher des bonbons. Elle m’en a demandé.
Nous entrâmes chez un confiseur du passage de l’Opéra.
J’aurais voulu acheter toute la boutique, et je regardais même de quoi l’on pouvait composer le sac, quand mon ami demanda :
— Une livre de raisins glacés.
— Savez-vous si elle les aime?
— Elle ne mange jamais d’autres bonbons, c’est connu.
Alexandre Dumas Fils
La Dame aux Camélias
Toutes les tribus ; toutes les montagnes d’Israël ont livré leurs richesses. Les grenades du mont Sanir, les gâteaux de raisins de Cypre, les grappes de troène du Galaad, les dattes et les mandragores d’En-gaddi débordent les aiguières.
Villiers de L’Isle-Adam
Contes cruels, « L’annonciateur »
Elle [Sido] fleurit la grande maison, fit blanchir la cuisine sombre, surveilla elle-même des plats flamands, pétrit des gâteaux aux raisins et espéra son premier enfant.
Colette
La maison de Claudine
[…] Il est parti un peu après neuf heures et demie… Il a mangé de l’agneau, puis un gâteau aux amandes et aux raisins…
Georges Simenon
Maigret et l’affaire Nahour
Léon Marcia […] n’a pas quitté sa chambre depuis plusieurs semaines ; il ne se nourrit plus que de lait, de petits-beurre et de biscuits aux raisins[…].
Georges Perec
La Vie mode d’emploi
Coll. A. P.-R.
raisiné
[…] depuis les jambons et les pâtés exotiques, jusqu’aux biscotes, chinoises, confiture des îles, raisiné de Montpellier, etc. […] il n’est rien qu’on ne trouve dans ce superbe magasin*, le plus beau et le plus complet de ce genre qui soit en Europe.
Grimod de La Reynière
Almanach des Gourmands, 1808
* Il s’agit de l’Hôtel des Américains, sis 147 rue Saint-Honoré, « le plus ancien magasin de Comestibles de Paris ».
[…] la mère rentra, me salua avec une politesse franche et brusque, et, après avoir caressé ses enfans à sa manière, en leur donnant à chacun une longue tartine de raisiné de Bourgogne, elle vint à moi, me parla de la dureté des tems […].
Étienne de Jouy
L’Hermite de La Chaussée-d’Antin…
[…] si la rue des Lombards est livrée aux épiceries, du moins elle est fière de ne renfermer dans son sein que des épiciers en gros, ou en demi-gros ; quant au vulgaire épicier en fin, il y est complètement inconnu. Essayez de vous faire servir une once de cassonade, ou un petit pot de raisiné, et vous serez bien reçu ! — On ne vend, dans ces lieux, du sucre candi qu’au quintal, et du bois de réglisse qu’à la voie !
Louis Huart
Les rues de Paris - Paris ancien et moderne
Sidonie. — Venez avec moi, pauvres enfants ; ma sœur m’a donné un pot de raisiné que vous trouverez bien bon, j’en suis sûre. Je vais vous en mettre sur votre pain.
Comtesse de Ségur
Les caprices de Gizelle
raton
Le crieur.— Ratons tout chauds, tout fumants, tout sortant du four, à deux liards, à deux liards !
Arlequin. — Hé l’homme aux ratons ! voyons ta marchandise.
Le crieur.— Tenez, monsieur, les voilà, tout chauds.
Arlequin. — Donnes-tu le treizième ?
Le crieur.— Oui, monsieur.
Arlequin. — Eh bien ! je le prends, demain, j’en acheterai une douzaine.
Régnard
Foire Saint-Germain
réglisse
Celle [source de Plommières (Plombières)] qui tourne le cul à l’Orient et qui produit le being qu’ils appellent le Being de la Reine laisse en la bouche quelque goust doux comme de la reglisse[…].
Michel de Montaigne
Journal de voyage en Italie par la Suisse et l’Allemagne
[…] je vous en prie, faites lui mes compliments, et aussi portez-lui ce bâton de réglisse [sticke of Licoras], dites-lui que sa patronne le lui a envoyé, et qu’il en suce un bout, ça aidera à lui ouvrir le gosier, allez.
Beaumont et Fletcher
Le Chevalier de l’Ardent pilon, I, 1
Coll. A. P.-R.
Les rafraîchissements se composaient d’eau sucrée, d’eau rougie, de bière, de tartines de pain et de beurre, d’échaudés, de macarons, de pruneaux et raisins secs, d’amandes, de noisettes, de pâtes de réglisse et de guimauve, de sucre d’orge et de sucre candi.
Comtesse de Ségur
Jean qui grogne et Jean qui rit
Dervincourt
Et cette santé ?
Nichon
Toujours la même chose ; voyez comme je tousse.
Dervincourt
Oh ! ce n’est rien, j’ai toussé comme ça pendant longtemps, et je me suis guéri avec de la réglisse.
Henry Monnier
Mémoires de Monsieur Joseph Prudomme
Partout, un encombrement prodigieux de marchandises de toute espèce ; soieries, minerais, trains de bois, saumons de plomb, draps, sucres, caroubes, colzas, réglisses, cannes à sucre. L’Orient et l’Occident pêle-mêle.
Alphonse Daudet
Tartarin de Tarascon
J’sais bien que t’es gentil avec nous, que quand t’achètes des bonbons tu nous en donnes un de temps en temps et que tu nous laisses des fois lécher tes raies de chocolat et tes bouts de réglisse, […].
Louis Pergaud
La Guerre des Boutons
Les bonbons s’imposaient : les petits bonbons ronds et aussi la réglisse en bois qu’il faisait si bon sucer et mâcher en classe, derrière le paravent des pupitres ouverts.
Louis Pergaud
La Guerre des Boutons
Alors, tonton ? […] Qui c’est qui m’a mangé tous mes réglisses ? Ah ! tonton, ça ne va plus aller nous deux ! Vous me les remplacerez, au moins ?
» — Gilberte, la tenue ! gronda Mme Alvarez, descends tes genoux. Tu crois que Gaston a le temps de s’occuper de tes réglisses ? […]
Colette
Gigi
[…] il hésita, tira des sous de sa poche, les posa sur le rebord et prit en échange un de ces rouleaux de réglisse qui ressemblent à des lacets de bottine et que sucent les collégiens.
Jean Cocteau
Les Enfants Terribles
On trouvait, dans ces baraques, du pain d’épices aux amandes collées sur les côtés, écartées comme les dents du bonheur, et dans les vitrines, la pipe en sucre, rouge comme quand on regarde ses doigts devant la lampe, les pâtes de guimauve, de jujube, de lichen, et ces tortillons de réglisse noire. La réglisse Florent (vieille marque) était un luxe, en boîte ronde, avec ses petits cubes gris, d’une matière de fond d’artichaut, qui avaient l’air damasquinés sur un côté. On nous permettait aussi les nonnettes Sigaut, parce que c’était “ une marque ”.
Léon-Paul Fargue
Banalité, in « Sous la lampe »
Je grignotais un de ces faux objets qui me plaisaient tant — un martinet en réglisse.
Simone de Beauvoir
Mémoires d’une jeune fille rangée
On l’avait surnommé Papa-Gâteau et il en était fier. Ses poches étaient toujours chargées de trésors : bonbons anglais, berlingots, fouets de réglisse, biscuits, et encore des images […].
Robert Sabatier
Trois sucettes à la menthe
Coll. A. P.-R.
Comme Papa-Gâteau distribuait des rouleaux de réglisse avec une perle colorée et comestible au centre, il lui prit une partie de son public enfantin qu’il conduisit à la terrasse de l’hôtel que tenait sa sœur, Mme Chany.
Robert Sabatier
Les noisettes sauvages
On a acheté des cacahuètes, moi j’ai préféré unrouleau de réglisse. Au cœur des spires noires et sucrées, il y avait une petite perle de sucre rose. Encore une chose qui n’a pas changé.
Patrick Cauvin
L’amour aveugle
Cassandre, 1925, Vachard & Compagnie, Paris,
157 x 107 cm.
Coll. A. P.-R.
Biscuit de Reims
Entre chaque contredanse, dans les entr’actes où l’ophicléide chôme, les casquettes de la Faculté et les bibis de la couture s’échappent bras dessus, bras dessous. Si vous les pouvez suivre sous l’ombre transparente des allées, vous les verrez bientôt assis devant le biscuit de Reims de la séduction et le bol de punch de l’amour. Le bol de punch et le biscuit représentent l’espérance ; l’échaudé et le verre de bière représentent le souvenir ; la carte du menu est l’histoire du sentiment. Celui-ci brille à son aurore, et l’autre aspire au crépuscule.
Amédée Achard
Les bals d’été, dans Prisme - Encyclopédie Morale du dix-neuvième siècle
L’amateur a une manie qui lui coûte cher : il achète toujours la spécialité du pays.
C’est ainsi qu’il a remporté du nougat de Montélimar, des biscuits de Reims, un de ces petits sacs de haricots que le buffet de Soissons tient tout prêts pour les gourmets… naïfs. Il a acheté un pâté à Chartres, des sardines à Nantes, seulement il les a prises à l’huile, du sucre de pomme à Rouen, des prunes à Agen, des escargots à Troyes […].
Félix Galipaux
Galipettes
Le matin, de six heures et demie à neuf heures, on vous apporte dans votre cabine et à votre choix du thé ou du café noir. Le thé n’est pas buvable ; il est aussi noir et aussi fort que devrait l’être le café, qui, à son tour, est aussi faible et aussi pâle que devrait l’être le thé.
Pour remédier à ce mal, je prenais chaque matin un ou deux verres d’excellent madère dont j’avais fait provision avant de m’embarquer, et je mouillais dans cette topaze liquide quelques biscuits de Reims; ceci remplaçait avantageusement pour moi les brouets écœurants que nos voisins d’outre-Manche décorent à bord des noms purement illusoires de teaet de coffee.
Alfred de Marton
La vie à bord des steamers*
* In« La Cuisinière Poétique », de Charles Monselet, 1859.
L’esprit des Guermantes […] était une réputation comme les rillettes de Tours ou les biscuits de Reims.
Marcel Proust
Le côté de Guermantes
To buy Rheims biscuit she sacrificed the greatest treasure that remained to him — he sold his snuff-box. », (Nda. « Pour acheter des biscuits de Reims, il sacrifia le plus grand trésor qui lui restait — il vendit sa tabatière. »), écrivit Virginia Woolfà propos du « Beau Brummel » .
The Common Reader, Second Series, Four Figures, II.
Nous terminâmes le dîner en trempant dans notre verre de champagne un biscuit de Reims qui se dit fait “ selon les méthodes anciennes et cuit dans un four à bois ”. Tout le monde tomba d’accord que les méthodes anciennes ont du bon, surtout pour tout ce qui touche à la table.
James de Coquet
Propos de Table
Ils vont chercher deux ou trois roteuses, les louchébems, pour qu’on se requinque… Veuve Clicquot brut et biscuits roses.
Alphonse Boudard
Le corbillard de Jules
reine de Saba
[…] la placide Sarah qui a seize ans des cheveux de cirage et des seins volumineux va de temps à autre prendre un gâteau sur le buffet et les coudes sur la table la joue appuyée contre sa main mastique mollement une grosse reine de Saba ce gâteau qu’elle déclare un peu vieux […].
Albert Cohen
Belle du Seigneur
religieuse
Tous les mercredis, c’était une tradition à la pension. Mme Clément faisait des religieuses, deux pleines fournées qui constituaient le dessert pour deux jours. C’était un peu son triomphe. Les pensionnaires en parlaient, lui demandaient sa recette, prétendaient qu’on n’en trouvait pas d’aussi bonnes chez les pâtissiers de Paris ou de Bordeaux.
Georges Simenon
Marie qui louche
On sortit les gâteaux ; il y avait […] une religieuse, un éclair au café et un éclair au chocolat, une autre religieuse (au chocolat, la première étant au café), une tarte aux fraises couverte et étouffée de chantilly et une construction multicolore indistincte de composition et de section […].
Jacques Roubaud
La Belle Hortense
Marina Dieul, Religieuse au Chocolat, huile sur toile.
rhubarbe
Là, il [Phileas Fogg] prit place à la table habituelle où son couvert l’attendait. Son déjeuner se composait d’un hors-d’œuvre, d’un poisson bouilli relevé d’une “ reading sauce ” de premier choix, d’un roastbeef écarlate agrémenté de condiments “ mushroom ”, d’un gâteau farci de tiges de rhubarbe et de groseilles vertes, d’un morceau de chester, — le tout arrosé de quelques tasses de cet excellent thé, spécialement recueilli pour l’office du Reform-Club.
Jules Verne
Le Tour du Monde en quatre-vingt jours
Sa faim se comblait ; il chipota un bout de fromage bleu de Stilton dont la douceur s’imprégnait d’ amertume, picora une tarte à la rhubarbe, et, pour varier, étancha sa soif avec le porter, cette bière noire qui sent le jus de réglisse dépouillé de sucre.
Joris-Karl Huysmans
À rebours
À la cuisine, elle ouvrit le frigidaire. Tarte à la rhubarbe ? Non, c’était bon pour les boutonneuses des restaurants végétariens. Des protéines, ventre-saint-gris !
Albert Cohen
Belle du Seigneur
rissole
Pour issue de table ; choses froides , comme fruictages, laictages et doulceurs : rissoles, petits choux tout chauds, petits gâteaux baveux […].
Pierre Belon
L’Histoire de la nature des oyseaux
Rosalind
Où avez-vous appris ce jurement, notre fou
Touchstone
D’un certain chevalier, qui jurait sur son honneur que les rissoles [pancakes*] étaient bonnes, et qui jurait sur son honneur que la moutarde ne valait rien ; eh bien, je m’en porte garant, les rissoles ne valaient rien et la moutarde était bonne, et malgré tout le chevalier ne s’était pas parjuré.
Shakespeare
Comme il vous plaira
* Aux XVIe et XVIIe siècles, le mot pancake était synonyme de fritter ou flpjck.
Elle baisa mon cher mignon au front, lui glissa dans la main du biscuit et des riffoles, lui sourit une dernière fois […].
Françoise Chandernagor
L’Allée du Roi
riz
En même temps il mit à terre, sur une natte, des mangues, des pommes de crême, des ignames, des patates cuites sous la cendre, des bananes grillées, et un pot deriz accommodé au sucre et au lait de coco […].
Bernardin de Saint-Pierre
La Chaumière indienne
Elle chauffa son four, et fit, aidée par sa mère, un pâté de lièvre et de canards, un gâteau de riz, rôtit deux poulets, prit trois bouteilles de vin, et boulangea elle-même deux pains ronds.
Honoré de Balzac
TénébreuseAffaire
Elle décida du dîner des Mouret, goûta avant eux aux plats qu’elle leur envoyait ; souvent même Rose faisait à part des friandises destinées particulièrement à l’abbé, des pommes au sucre, des gâteaux de riz, des beignets soufflés.
Émile Zola
La Conquête de Plassans
Il me souvient d’avoir entendu raconter, dans mon enfance, qu’une riche noce de paysans avait été organisée de manière si étonnante que le succulent gâteau de riz, recouvert d’une épaisse croûte de cannelle, de sucre et de girofle, avait été distribué aux convives au moyen d’un fléau. Chacun des invités n’avait qu’à ouvrir tout bonnement une large bouche pour recevoir sa part, tout comme au pays de Cocagne.
E. T. A. Hoffmann
La Fenêtre d’angle de mon cousin
Une mangeaille copieuse à mesure étançonnait les estomacs prêts de chavirer. Des femmes plongeaient leur visage dans de vastes quartiers de tartes au riz. Des enfants, barbouillés de prunes, aiguisaient leurs dents sur de la pâtisserie sèche.
Camille Lemonnier
Un Mâle
Tout devait être préparé d’avance. Elle apportait une cafetière fumante. Elle en remplissait trois tasses. Après une nouvelle disparition, elle revenait avec une tarte au riz.
George Simenon
Chez les Flamands
[…]Mme Pardon avait servi un gâteau de riz. Maigret en avait repris deux fois, disant que cela lui rappelait son enfance et que, depuis quarante ans, il n’en avait pas mangé d’aussi bon, ce qui était vrai.
» Depuis, chaque dîner chez les Pardon, dans leur nouvel appartement du boulevard Voltaire, s’achevait par le même entremets onctueux qui soulignait le caractère à la fois doux, reposant et un peu terne de ces réunions.
George Simenon
Une confidence de Maigret
Et pour les repas de fête, la mémé préparait un plat local appelé la maoutsa, un gâteau de riz mêlé de pain trempé, de raisins secs et de pruneaux, et qui vous faisait un ventre de propriétaire.
Robert Sabatier
Les noisettes sauvages
La mémé disposa les victuailles sur son tablier étalé. Ils attaquèrent les sardines, le pâté gras que suivirent une tarte aux blettes, des tomates vertes et du gâteau de riz au chocolat enduit de caramel.
Robert Sabatier
Les noisettes sauvages
D’autres passaient avec, sur des plateaux d’argent, des entremets chauds — croûte de savarin garnie de fine purée de marrons vanillée, brioche d’abricots au marasquin, omelette au rhum chauffé — aussi bien que des entremets froids — charlotte à l’arlequine, bavarois, riz à la cannelle et aux fruits confits.
Jean-Christophe Duchon-Doris
Le cuisinier de Talleyrand
rob
C’est donc une espece d’extrait d’alkermès, ou de rob qui doit être fait sans miel & sans sucre, pour être légitime.
Encyclopédie
article « alkermès »
gâteau des rois / galette des rois
Dans la soirée, je produisis mon gâteau, un magnifique gâteau, que je coupai en morceaux et servis avec du vin et autres bonnes boissons ; puis, selon une mode nouvelle, pour éviter de gâcher le gâteau, je mis autant de noms que j’avais d’invités dans un chapeau et tirai les parts au sort. Je fus reine, Theophile Turner fut roi, Creed fut sir Martin Gâche-Tout et Betty Mrs Millicent*.
Samuel Pepys
Journal, 6 janvier 1669
* Deux personnages d’une comédie de John Dryden, Sir Martin Gâche-Tout.
On voyait, entassés sur le plancher, pour former une sorte de trône, des dindes, des oies […], des pâtés de hachis, des plum-puddings, des barils d’huîtres, des marrons rôtis, des pommes vermeilles, des oranges juteuses, des poires succulentes, d’immenses gâteaux des rois et des bols de punch bouillant qui obscurcissaient la chambre de leur délicieuse vapeur.
Charles Dickens
Cantique de Noël
C’était rue Véron, à Montmartre, dans un petit logement, au quatrième étage. Nana et Fontan avaient invité quelques amis pour tirer le gâteau des Rois. […] la soirée se passa bien. […]
On avait tiré le gâteau des Rois. La fève était tombée à madame Lerat, qui la mit dans le verre de Bosc. Alors, ce furent des cris : “ Le roi boit! le roi boit ! ” Nana profita de cet éclat de gaieté pour aller reprendre Fontan par le cou, en le baisant, en lui disant des choses dans l’oreille.
Émile Zola
Nana
D’un geste lent et préparé
On coupe le gâteau doré.
Le hasard seul donne la fève,
Ou l’on triche ; alors, c’est plus gai,
Et chacun a l’air intrigué,
Ou d’être le jouet d’un rêve.
Le sort a parlé. “ Le roi boit ! ”
Il choisit sa reine du droit
De sa préséance éphémère […].
Albert Mérat
Poèmes de Paris
La chevêche miaulait. La peur nous saisissait ; et, dans le crépuscule, nous retournions confus, en grignotant les gâteaux, les galettes et les figues, que nous apportions pour les Rois.
Frédéric Mistral
Mes Origines. Mémoires et Récits
Un jour dans l’année, tout cela changeait. C’était la veille de l’Épiphanie, du jour des Rois, qu’on appelle, à Lyon, les Roibois. Grande affaire pour la Gerbe d’Or, dont les brioches étaient réputées à dix lieues à la ronde ! Un vrai branle-bas. Tout le monde s’occupait des brioches.[…] Pour soutenir l’effort de tous, ma mère sucrait de grands saladiers d’oranges baignées de cognac. On m’habillait en petit pâtissier et j’aidais à casser des œufs. On en cassait des milliers qui remplissaient vingt baquets. Mon père y versait des flacons de vieille eau-de-vie, et cela faisait, avec le beurre et les fines farines de Hongrie, une pâte blonde, où l’on taillait des crêtes à coups de ciseaux, et que l’on dorait avant de la mettre au four. Toute la maison en était parfumée jusqu’aux greniers.
Henri Béraud
La Gerbe d’Or
Qui n’a pas lorgné le gâteau des Rois en cherchant à reconnaître la boursouflure du trésor caché ? Qui n’a pas essayé de tricher ? Qui n a pas senti battre son cœur ? Et pourtant quelle étrange royauté donne l’obtention de la fève ! On pourrait dire : une royauté inverse. Le hasard le plus pur préside à l’élection.
Marie Rouanet
Petit traité romanesque de cuisine
La fête des rois
La fête des rois et le tirage du gâteau subsistent toujours. Cette très-ancienne coutume se transmet de pere en fils. Les incrédules et les impies, qui se moquent de l'étoile des trois mages, célebrent néanmoins cette fête comme les autres. Les festins ne rencontrent point de négatifs. C'est une branche de commerce pour la pâtisserie, dont la vente est considérable ce jour-là. On est curieux du sort : on joue avec l'enfant qui tire le gâteau ; on veut être roi. Cependant ici le roi paie sa royauté, et ne leve aucun tribut sur son peuple. Le savetier en famille est toujours roi ; car il est plus obéi dans sa maison, que le président ne l'est dans la sienne. Mais ce jour-là il parodie la majesté : il croit fermement, ainsi que tous ses confreres, que les souverains et les princes ne s'occupent dans leurs palais qu'à boire, manger et se réjouir. Il ne leur attribue aucune peine, aucun souci, aucun travail, parce que leur table est toujours bien servie.
C'est aussi le jour où, dans tout Paris, le peuple fait les réflexions les plus bizarres sur la royauté. On voit qu'il ne la considere que sous les plus faux rapports, et que toutes ses idées rétrécies sont, pour ainsi dire, des idées asiatiques. Oh, qu'il est loin de concevoir ce qu'il devroit entendre !
Fontenelle, tout philosophe qu'il étoit, tira un jour le gâteau des rois. La feve lui échut. vous êtes roi, lui dit son voisin ; serez-vous despotique ? — belle demande, reprit-il.
Diderot a fait une piece de vers sur cette royauté de table, laquelle ne ressemble point aux vers niais que tant de sots monarques de la feve ont publiés dans plusieurs recueils fastidieux.
Tous les gens de bouche sont fort occupés pendant cette huitaine ; et l'on voit que toute fête fondée sur la bâfre, sera et doit être immortelle.
Les protestans, hors de la France, ont poussé la réformation jusqu'à bannir toutes les fêtes, même celles qui donnent lieu aux festins. En arrachant le galon de l'habit, ils ont, comme dit le docteur Swift, déchiré l'étoffe. »
Louis-Sébastien Mercier
Tableau de Paris, chapitre 494.
La fête de l’Épiphanie à l’Hôtel de Ville de Sélestat
Au jour [de la fête] des saints trois rois [épiphanie]. La veille au soir, où les magistrats veulent nommer leur roi, l’échanson invite les membres du magistrat et le messager du magistrat pour le repas du soir. Il y a une grande table dressée et 3 tables pour les serviteurs. Le pâtissier de l’hôpital apporte un long gâteau. Après que la table soit desservie, l’échanson partage le gâteau en autant de morceaux qu’il y a de magistrats et de membres du magistrat, les met dans un panier qu’il recouvre d’une serviette et va se placer en haut près des bourgmestres. Il plonge la main dans le panier et en retire les morceaux de dessous la serviette en les distribuant autour de la table. Celui qui a le morceau où se trouve le haricot et le pois est roi et maréchal. Alors on se lève de table. L’échanson la prépare de nouveau ; le cuisinier cuit des gâteaux, cherche à la “ pharmacie ” toutes sortes de douceurs : sucre, dragées, amandes, raisins secs, figues, pains d’épices, qu’il pose sur la table. Puis doivent arriver les enfants des membres du magistrat [et des conseillers] pour secouer les mais [arbres de Noël]. On leur sert à table des rôtis froids avec des gâteaux. Chaque fois que le roi ou le maréchal boit, les enfants les acclament [crient]. Tout ce qui vient de la cuisine et de la “ pharmacie ” ainsi que le vin et le pain est payé par le roi et le maréchal.
Chronique de Balthasar Beck, 1601
Archives Municipales de Sélestat, Ms 273, f°48v°.
Nous avons toujours eu une grande dévotion pour la fête des Rois, cette royauté au rabais et mise à la portée de tout le monde. C’est pour nous, poètes d’idylles, une occasion de philosopher doucement sur les honneurs et les grandeurs, sur les embarras de la richesse et du pouvoir ; — pour les poètes ambitieux, c’est le moment d’emboucher le clairon lyrique et de faire éclater sur la pourpre de leurs strophes les franges dorées de leurs rimes ; — c’est l’heure pour les poètes républicains de se soulever chancelant sur leurs escabeaux et de souffleter encore une fois la face sanglante de la royauté. Ainsi Diderot, roi de la fève, a-t-il laissé un impérissable monument de délire et de férocité dans un dithyrambe bien connu. — Tout Paris joue à la royauté le six janvier. D’obscurs boulangers ne sont occupés qu’à pétrir la pâte d’innombrables monarques et à mettre au four les destinées d’innombrables empires. Une telle royauté ne coûte ni émeutes ni révolutions ; tout au plus une dent cassée, si le potentat s’est trop hâté à mordre son gâteau.
Charles Monselet
Figurines parisiennes
Une comptine
C'est le gâteau des rois
des trois rois que l'on voit
s'en aller en voyage
sur de belles images
Les rois sont retournés
mais le gâteau est là
tout rond et tout doré
avec sa grosse fève
soigneusement cachée
avec sa grosse fève
dont chacun de nous rêve.
Ah ! serai-je le roi ?
oui , dit mon petit doigt
oui, dit mon rire heureux
d'ailleurs on voit déjà
l'étoile dans mes yeux.
Maurice Carême
Le gâteau des rois de ma cousine
Te souviens-tu, Gatienne, te souviens-tu de l’étable de Bethléem ?…
Tu vais douze ans, chère cousine, et j’en avais treize. Nous étions venus, chacun de notre côté, tirer les Rois chez Tante Rose. […]
[…] Au dessert, on apporte sur la nappe blanche le gâteau des rois qu’un cri d’admiration salue.
C’était un “ massepain ” superbe, embaumant la fleur d’oranger, friandise légendaire de notre vieille Aquitaine. Le couronnement du gâteau surtout était d’une magnificence prodigieuse. Il représentait l’étable de Bethléem. Les trois Mages étaient en sucre ainsi que la Vierge et l’Enfant Jésus, ainsi que l’âne, le bœuf et saint Joseph, ainsi que l’étable divine et l’étoile de l’Orient qui se balançait mollement, énorme pastillez blanche, au bout d’un fil doré.
Te souviens-tu, Gatienne, te souviens-tu de l’étable de Bethléem ?
Tante Rose distribue les parts et je grille d’avoir la fève pour te faire reine, chère cousine. Mais c’est un autre qui devient roi et tante Rose partage sa couronne… On applaudit, on boit et, du gâteau monumental, il ne reste bientôt plus qu’un débris majestueux, pan de muraille jaune comme de l’or.
Ah ! je me trompe ; il reste intact, et charmant, le couronnement de l’édifice, l’étable divine et les trois Mages agenouillés.
C’est surtout cette sucrerie biblique qui excite nos convoitises, car tu étais gourmande comme une chatte, chère Gatienne, et j’aurais été capable d’aller manger ces pastilles jusque dans tes fossettes roses.
Déception cruelle ! notre tante enlève le gâteau et, le plaçant avec respect dans le vieux buffet de chêne : “ Ça, dit-elle, c’est la part de M. le Curé, que la goutte retient dans son fauteuil. ”
Comment ! ces beaux Mages, cette crèche mignonne, cette riante étable qui embaume la vanille, tout cela pour l’abbé Fredouille, un géant de six pieds, plus gros qu’une barrique ! C’est injuste, c’est ridicule. Nos regards se rencontrent, indignés, désolés, et la rage emplit on jeune cœur en voyant une larme couler de tes beaux yeux.
T’en souviens-tu, Gatienne, t’en souviens-tu ?
Fulbert Dumonteil
La France gourmande
Cachelin […] se calma à la pensée du gâteau des Rois, qu'il partagea avec mystère comme s'il eût enfermé un secret de premier ordre. Tout le monde fixait ses regards sur cette galette symbolique et on la fit passer, en recommandant à chacun de fermer les yeux pour prendre son morceau.
Qui aurait la fève ? Un sourire niais errait sur les lèvres. M. Lesable poussa un petit “ Ah ! ” d'étonnement et montra entre son pouce et son index un gros haricot blanc encore couvert de pâte. Et Cachelin se mit à applaudir, puis il cria : “ Choisissez la reine ! choisissez la reine ! ”
Une courte hésitation eut lieu dans l'esprit du roi. Ne ferait-il pas un acte politique en choisissant Mlle Charlotte ? Elle serait flattée, gagnée, acquise ! Puis il réfléchit qu'en vérité, c'était pour Mlle Cora qu'on l'invitait et qu'il aurait l'air d'un sot en prenant la tante. Il se tourna donc vers sa jeune voisine, et lui présentant le pois souverain : “ Mademoiselle, voulez-vous me permettre de vous l'offrir ? ” Et ils se regardèrent en face pour la première fois. Elle dit : “ Merci, Monsieur ! ” et reçut le gage de grandeur.
Guy de Maupassant,
L’Héritage, « La parure et autres contes parisiens », édition de Paris, Garnier, 1884.
roudoudou
L’oiseau du Colorado
Mange du miel et des gâteaux
Du chocolat des mandarines
Des dragées des nougatines
Des framboises des roudoudous
De la glace et du caramel mou.
Robert Desnos
La Ménagerie de Tristan
En face se trouvait aussi une mercerie avec l’indication Jouets-Journaux-Bonbons. On devait y trouver des billes coloriées, des caramels à deux pour un sou, des fouets et des rouleaux de réglisse, des biberons de verre emplis de bonbons ronds, du sucre d’orge et du roudoudou.
Robert Sabatier
Trois sucettes à la menthe
Un peu trop de marmelade
Pourrait nous rendre malade
Mais si au fond des alcôves
Tous les lits sont en guimauve
Et si les médicaments
Sont tous en sucre fondant
Et l’on guérit tout, tout, tout,
En mangeant des roudoudous.
Et si les médicaments
Sont tous en sucres fondants
Et l’on guérit tout, tout, tout,
En mangeant des roudoudous.
Chanson, Chantal Goya, Château nougatine
Paroles de Roger Dumas, musique de Jean-Jacques Debout.
gâteau roulé
À la rasade d’eau fraîche dont il se rinçait le palais entre deux gâteaux, il semblait trouver plus de plaisir qu’à la dégustation du roulé au pavot ou de la tulipe impériale.
Dominique Fernandez
L’Amour
royal-e
Alors il lui vint une résolution désespérée. C’était, puisqu’il ne pouvait échapper au pape des fous, aux drapelets de Jehan Fourbault, aux bottes de mai, aux lances à feu et aux pétards, de s’enfoncer hardiment au cœur même de la fête, et d’aller à la place de Grève.
» — Au moins, pensa-t-il, j’y aurai peut-être un tison du feu de joie pour me réchauffer, et j’y pourrai souper avec quelque miette des trois grandes armoiries de sucre royal qu’on a dû dresser sur le buffet public de la ville.
Victor Hugo
Notre-Dame de Paris