N
1704 Jan Luyken, PASTRY BAKER
Napfkuchen
« [...] Nous partîmes vers 8 heures aux colonies appelées les vingt et deux 33 à 12 verstes d’ici ; nous y déjeunâmes avec du café et du Napfkuchen et nous commandâmes un bon dîner. Ensuite nous partîmes pour Sarskoe Selo (1) encore à 12 verstes plus loin, et nous y parcourûmes les jardins, maisons impériales & tous les environs. »
Johann Albrecht Euler (2)
correspondance, 17/28 juillet 1775.)
(1) Tsarskoe Sélo, résidence impériale, palais de Catherine iiet d’Alexandre ier.
(2) Physicien russe.
napolitain
Justine. — Nous avons des huîtres, un potage aux œufs pochés, un gigot de chevreuil, une belle volaille, un homard en salade, des cardons à la moelle, une croûte aux champignons, un gâteau napolitain et une bavaroise au marasquin.
Comtesse de Ségur
Les caprices de Gizelle
Nicolas (saint)
Ô grand saint Nicolas, patron des écoliers,
Apportez-moi des pommes dans mon petit panier,
Je serai toujours sage comme un petit mouton,
Je dirai mes prières pour avoir des bonbons.
Chanson ancienne
niniche
— Moi, je suis de garde. Ce sont les femmes qui ont les clefs. Elles ne vont pas tarder, elles sont aux niniches.
Niniche, sorte de sucre d’orge, spécialité du cru.
Hervé Bazin
Le Matrimoine
Noël
Figurez-vous, Henrich, dit la jolie Viennoise en prenant le bras du jeune homme, qu’il y a plus d’une heure que je suis habillée et prête à sortir, et ma tante n’en finissait pas avec ses sermons sur les dangers de la valse, et les recettes pour les gâteaux de Noël et les carpes au bleu.
Théophile Gautier
Deux acteurs pour un rôle, nouvelle
Mais bientôt toute la compagnie prit l’apparence d’un étalage de la Noël, chez Fuchs, Weide, Schoch ou dans quelque autre boutique. Le Conseiller me parut être une gentille poupée de sucre candi, avec un jabot de papier. Peu à peu, les arbres et les rosiers grandirent à vue d’œil. […]
Alors toutes les figurines de sucre, à l’étalage, s’animèrent et remuèrent comiquement leurs petites mains et leurs petits pieds.
E. T. A. Hoffmann
Les aventures de la nuit de la Saint-Sylvestre*
* 3, in « Fantaisies à la manière de Callot », 1808-1815.
Fidèle aux anciens usages, pour mon père, la grande fête, c’était la veillée de Noël. Ce jour-la, les laboureurs dételaient de bonne heure ; ma mère leur donnait à chacun, dans une serviette, une belle galette à l’huile, une rouelle de nougat, une jointée de figues sèches, un fromage du troupeau, une salade de céleri et une bouteille de vin cuit. Et qui de-ci, et qui de-là, les serviteurs s’en allaient, pour " poser la bûche au feu ", dans leur pays et dans leur maison.
Frédéric Mistral
Mes Origines. Mémoires et Récits
Il est de tradition, à la Cour de Berlin, que chaque veille de Noël, le capitaine en second de la Ire compagnie du Ier régiment de la garde à pied offre au souverain un gâteau de miel. Le prince impérial et les autres fils de Guillaume II recevront des gâteaux semblables, de la Ire compagnie du Ier régiment de la garde. Seulement, tandis que les gâteaux du souverain et du prince héritier mesurent 35 x 21 x 8 centimètres, comme dimensions, les gâteaux des autres princes ont seulement 30 x 18 x 5 centimètres.
Jadis, ces gâteaux étaient fabriqués à Thorn, mais depuis quelques années c’est à un pâtissier de Potsdam que ce travail est confié. Le gâteau de Noël est glacé, il porte l’étoile de la garde et une inscription dédicatoire. L’Empereur Guillaume ne manque jamais la cérémonie de la remise du gâteau et il retient à dîner les officiers chargés de cette agréable mission.
Monseigneur Chabot
Noël dans les pays étrangers
Pour elle, l’impression fut très douloureuse, la première année où s’insinua dans son esprit un doute sur la réalité du père Noël. “ J’avais, écrit-elle, cinq ou six ans, et il me sembla que ce devait être ma mère qui mettait le gâteau dans mon soulier. Aussi me parut-il moins beau et moins bon que les autres fois, et j’éprouvais une sorte de regret de ne pouvoir plus croire au petit homme à barbe blanche. ”
Albert Le Roy
George Sand et ses amis
Sur la table, parée de la belle nappe blanche, au milieu des cadeaux de la Noël, brillait le petit sapin légendaire, garni de noix dorées, de pommes d’api, de bonbons, d’une foule de bougies et de fils d’or et d’argent, avec, tout au sommet, une grande étoile de verre miroitante.
Maurice Barrès
Colette Baudoche
William devait arriver la veille de Noël. Mme Morel contemplait son garde-manger : il y avait un grand plum-cake, un gâteau de riz, des tartes à la confiture, des tartes au citron, deux grands plats de mince-pies. Elle mettait la dernière main aux tartes à l’espagnole et aux gâteaux au fromage. Tout était décoré. La touffe de houx pleine de baies, chargée d’objets brillants et étincelants, tournait lentement au-dessus de la tête de Mme Morel, qui garnissait ses petites tartes dans la cuisine. Un grand feu ronflait ; une odeur de pâtisserie embaumait la maison.
D. H. Lawrence
Amants et Fils
Dans la salle on allumait l’arbre de Noël. C’était l’heure des cadeaux et de la bonne humeur ; dans la campagne le violon chantait ; chez les paysans les beignets de pommes sautaient dans la graisse et même les plus pauvres enfants disaient : « Que c’est bon l’hiver !
Hans Christian Andersen
Contes Merveilleux, « La fée du sureau »
Oh ! la sainte tablée, sainte réellement, avec, tout à l’entour, la famille complète, pacifique et heureuse. À la place du caleil, suspendu à un roseau, qui, dans le courant de l’année, nous éclairait de son lumignon, ce jour-là, sur la table, trois chandelles brillaient ; et si, parfois, la mèche tournait devers quelqu’un, c’était de mauvais augure. À chaque bout, dans une assiette, verdoyait du blé en herbe, qu’on avait mis germer dans l’eau le jour de la Sainte-Barbe. Sur la triple nappe blanche, tour à tour apparaissaient les plats sacramentels : les escargots, qu’avec un long clou chacun tirait de la coquille ; la morue frite et le muge aux olives, le cardon, le scolyme, le céleri à la poivrade, suivis d’un tas de friandises réservées pour ce jour-là, comme : fouaces à l’huile, raisins secs, A. Commette, 1924. d’amandes, pommes de paradis ; puis, au-dessus de tout, le grand pain calendal, que l’on n’entamait jamais qu’après en avoir donné, religieusement, un quart au premier pauvre qui passait.
Frédéric Mistral
Mon enfance, mémoires et récits
noisette
Une odeur intense de vanille et de noisette grillée remplissait l’air, provenant des éventaires de ces vieux Arabes qu’on avait toujours connus là, fabriquant leurs bonbons douteux et traînant leurs savates, mais qu’à présent on regardait différemment, avec colère ou avec bonté ou avec appréhension — cela ne facilitait pas toujours leur commerce.
Françoise Mallet-Joris
Les signes et les prodiges
En Azerbaïdjan, sur un petit marché local encombré de pommes vertes et de poires dures comme de la pierre, j’ai goûté d’étranges colliers fabriqués avec des noisettes ou des cerneaux de noix enfilés sur une mince ficelle et plusieurs fois trempés dans un mélange épais de sucre et de jus de raisin.
Michel Onfray
Le ventre des philosophes
noix
Il fallut aussi goûter un brou de noix de sa composition, dont elle a trouvé la recette en recueillant les procédés indiqués par Mme De Genlis dans sa maison rurale, et par Mme Gacon-Dufour dans son économie domestique.
Étienne de Jouy
L’hermite de la Chaussée-d’Antin…
L’hiver, il m’arrivait de lui donner une aile de raisin pendu, des sorbes mûries sur la paille, et même de mon sucre pour mettre dans son pain de noix.
Paul Arène
La mort des cigales, « Contes de Provence »
nonnette
On nous permettait aussi les nonnettes Sigaut, parce que c’était “ une marque ”.
Léon-Paul Fargue
Banalité
nonpareille
Il avoit chargé un gentilhomme, nommé Campion, qu’il faisoit demeurer à Paris, de venir souvent s’enquérir de mes nouvelles et me faire compliment de sa part : pour mieux réussir dans ses commissions, il m’apportoit quelquefois de la nompareille et des dragées de Sedan, que son maître m’envoyoit.
Mémoires de Mademoiselle de Montpensier
De grands plats de crème jaune, qui flottaient d’eux-mêmes au moindre choc de la table, présentaient, dessinés sur leur surface unie, les chiffres des nouveaux époux en arabesques de nonpareille.
Gustave Flaubert
Madame Bovary
nougat
Le déjeuner offert à la reine d’Angleterre, pour l’inauguration du Royal-Exchange, était tout français ; en voici le menu, fourni par la taverne d’Albion :
Poulets rôtis, pâtés de gibier, […] gâteaux à la française, nougats d’abricots, gelées, meringues Chantilly, compotes, conserves de pommes, rhubarbe à la régence, gelées de fruits, pâtisseries aux mandes, ananas, raisins de serre chaude, poires, fruits secs, crème à la glace.
Eugène Briffault
Paris à table
Le comte se dirigea vers la table du roi, et, à son approche, Louis XIV se leva.
Tout le monde se leva, Porthos même, qui achevait un nougat capable de coller l’une à l’autre les deux mâchoires d’un crocodile. Le souper était fini.
Alexandre Dumas
Le Vicomte de Bragelonne
Etiquette chromo, coll. A.P.-R.
Paul
Qu’est-ce que c’est qu’un nougat?
Le général
Un délicieux gâteau fait avec des amandes hachées et du sucre.
Paul
Comme les amandes que nous pilons, Jacques et moi, pour faire du lait d’amandes ?
Le général
Ah çà ! mais !… Dites donc, maman Blidot, vos enfants sont ignorants comme des cruches ! L’un me demande si un baba est comme les chaussons aux pommes de tante Elfy ; l’autre, si un nougatc’est comme le lait d’amandes qu’il pile. Ils ne connaissent rien, mais rien du tout.
Comtesse de Ségur
l’Auberge de l’ange gardien
Elle souriait, avec une pointe de tristesse, dans son costume de page. Une toux sèche fit monter des lueurs rouges à ses joues.
— C’est le nougat, dit-elle. A la maison, on me défend d’en manger.. Passez-moi l’assiette, je vais fourrer le reste dans ma poche.
Émile Zola
la Curée
[…] la joie des convives fut à son comble quand on servit le nougat, qui représentait, comme l’année précédente, la petite ville de D*** elle−même.
Villiers de L’Isle-Adam
Contes cruels, « Le plus beau dîner du monde »
Carte postale et chromo. Coll. A. P.-R.
Les marmots pullulaient dans leurs jambes, des marmots dont la gourme s’écaillait, des marmots que les mères troussaient le long de l’avenue et qui mangeaient, accroupis, des gâteaux secs et des nougats rouges. On ne pouvait plus ni avancer ni reculer. C’était un vacarme diabolique, coupé par le sifflet d’un chemin de fer minuscule et tournant.
Joris-Karl Huysmans
Les Sœurs Vatard
Ma mère eut beau lui présenter, un après l’autre, les mets de Noël : le plat d’escargots, le poisson du Martigue, le nougat d’amandes, la galette à l’huile. Le pauvre vieux, pensif, avait soupé dans le silence. Une ombre avant-courrière de la mort était sur lui.
Frédéric Mistral
Mes Origines. Mémoires et Récits
Chansons, mangeaille, beuverie, la noce d’Adrienne est une bien jolie noce. Cinq plats de viande, trois entremets et le nougat monté où tremble une rose en plâtre.
Colette
La maison de Claudine
Á Montélimar, vous songerez à M. Loubet, patriarche respecté de tous, et vous mangerez du nougat. Il y en a à tous les pas, et on ne sait à quelle confiserie donner la palme.
N’oubliez pas que le véritable nougat de Montélimar doit être dur et d’un blanc de neige, égayé du vert des pistaches, du rose des pralines. Le nougat de Marseille, au caramel, est plus sombre. Je ne parle que pour mémoire des nougats mous, fort dangereux d’ailleurs, pour les mâchoires incertaines.
Robert-Robert
Le Gourmand Vagabond
Toute la France était sur le pas de sa porte, attirée par les haut-parleurs de la caravane publicitaire, coiffée de chapeaux en papier offerts par des marques d’apéritifs, bourrée d’échantillons de nougats, munie d’éventails de papier, apercevant à peine les coureurs couverts de boue ou de poussière.
Jean Oberlé
La Vie d’artiste
Apollon a fait merveille ; le couvert est fort beau. On a cassé un verre de Bohême. Devant chaque couvert, Benjamin a mis un petit panier en sucre rose rempli de nougats, de massepains, de pralines, de violettes confites. L’effet en est charmant.
Daniel Gray
Le Seigneur des Îles
[…] l’une d’elles [baraque], toute en miroirs biseautés sur un fond blanc et baroque comme des monuments de saindoux, où dégoulinait sur un support doré la guimauve rose et verte parmi les noix de coco sculptées en forme de têtes de singes, des bataillons de nougat de Montélimar, du bois de réglisse, des pralines bouillonnant dans un chaudron de cuivre.
Robert Sabatier
Trois sucettes à la menthe
Dans les pharmacies,
Dans les pharmacies...
On veut du nougat et du chocolat,
Des bonbons au citron, des stylos,
Des poupées gentilles
Pour les petites filles […].
Charles Trenet
Dans les pharmacies
La légende
« Eh quoi ! Un marmiton aimer une princesse,
Oser jeter les yeux jusque sur une altesse,
Mais oui Colas aurait, pour la fille du seigneur,
Très volontiers donné tout le sang de son cœur…
… Un soir qu’il y rêvait, plein de désespérance,
Mit au fond d’un bassin bon miel de Provence :
Il crut bien un instant voir l’or de ses cheveux !
Ensuite il y jeta des amandes qu’au feu
Il avait fait griller : céleste Providence !
Les amandes avaient la couleur de ses yeux…
Et puis, dans ce mélange, il sema des pralines :
Lors il lui sembla voir sa lèvre purpurine
Se poser sur la sienne, et d’un baiser de feu
Le faire goûter au fruit de l’extase divine !
Il plaça le bassin sur un proche fourneau,
Et, tandis que le miel devenait blanc gâteau,
Á travers la légère et suave fumée
Qu’exhalait en cuisant la masse parfumée
De l’enfant qu’en silence il osait adorer ;
Il vit les yeux, la bouche et les cheveux dorés…
C’est ainsi qu’il rendit célèbre sa province,
Le petit cuisinier du seigneur d’Adhémar :
Amoureux en secret de la fille d’un prince
Il créa le nougat, dit de Montélimar… »
Ci-contre : Viano, imp. Moullot, Marseille, 65 x 85 cm.
Vers 1935, 48 x 64 cm.
A. Cometti, 1924.
John Onwy, 1936.
Nougat de Montélimar et politique, Emile Loubet ardent défenseur du nougat, cartes postales,
coll. A. P.-R.
nougatine
Une demi-heure après, j’étais de retour avec six bouteilles de Guiness en emballage-carton, trois sandwiches monstrueux avec œufs, tomates, jambon, fromage et salade débordante, et en prime quatre gâteaux composés de nougatine, crème au beurre et meringue hyper-sucrée.
Patrick Cauvin
L’amour aveugle
Au château Nougatine,
Au château, miam ! Miam ! Miam !
Au château Nougatine,
Entrez messieurs, mesdames
Le château Nougatine,
Le château, miam ! Miam ! Miam !
Est un drôle de château
Car c’est un gros gâteau.
Chanson, Chantal Goya, Château nougatine
Paroles de Roger Dumas, musique de Jean-Jacques Debout.
O
obus
Le patron offrait aussi de jolies surprises ; il apportait avec le mazagran un petit obus en sucre, et si l’on approchait une allumette de la pointe, un petit feu d’artifice jaillissait, une pluie d’étincelles s’éparpillait sur la table, mêlant son fumet de poudre à l’arôme du tabac grillant et du café chaud.
Joris-Karl Huysmans
Les sœurs Vatard
œuf
[…] les sous-bergers et les sous-bergères, en longues robes blanches ceintes de garnitures aurore, lui servirent dans cent corbeilles de simple porcelaine cent mets délicieux, parmi lesquels on ne voyait aucun cadavre déguisé : c’était du riz, du sago, de la semoule, du vermicelle, des macaronis, de omelettes, des œufs au lait, des fromages à la crème, des pâtisseries de toute espèce, des légumes, des fruits d’un parfum et d’un goût dont on n’a point d’idée dans les autres climats […].
Voltaire
La Princesse de Babylone
Un matin, Charlotte trouvait sur une chaise au chevet de son lit un œuf en sucre rose, presque aussi grand qu’elle : moi aussi, il me fascinait. Il était le ventre et le berceau, et pourtant on pouvait le croquer.
Simone de Beauvoir
Mémoires d’une jeune fille rangée
Il renvoya même les truffes, et le précepteur, qui s’en délectait, dit avec bassesse : Cela ne vaut pas les œufs à la neige de Madame votre grand’mère !
Gustave Flaubert
L’Éducation sentimentale
Maintenant, au milieu de la nappe, s’étalaient des œufs à la neige dans un saladier, flanqués de deux assiettes de fromage et de deux assiettes de fruits. Les œufs à la neige, les blancs trop cuits nageant sur la crème jaune, causèrent un recueillement; on ne les attendait pas, on trouva ça distingué.
Mes-Bottes mangeait toujours. Il avait redemandé un pain. Il acheva les deux fromages; et comme il restait de la crème, il se fit passer le saladier, au fond duquel il tailla de larges tranches, comme pour une soupe.
Émile Zola
L’Assommoir
La maîtresse du lieu s’étant mise en frais, ayant commandé un supplément, une crème fouettée, des œufs à la neige, vous seriez honni comme un crasseux sans éducation, comme un pingre, si vous ne ménagiez pas pour le dessert un coup de théâtre :
Il faut donner une cuiller à café et embrasser la dame de la maison.
Nestor Roqueplan
La vie parisienne
[…] la jeune fille au tablier blanc, mince et droite, apporta le plat d’œufs à la neige qu’elle avait apprêté. Dans leur bain d’or pâle, ils brillaient du plus candide éclat et répandaient une fine odeur de vanille.
Anatole France
Le Crime de Sylvestre Bonnard
Après la salade de grattons, la poularde de Bresse et le saladier d’œufs à la neige, le tout délicieux, Marie-Annick revint à ma table.
Christian Millau
Les fous du palais
office
La confiserie bourgeoise excelle surtout dans la confection des petits-fours et de ces mille bonbons d’office qui servent à l’ornement de la table, et se mangent avec plaisir à la fin d’un repas copieux.
Armand Husson
Les Consommations de Paris
Quand on dînait chez lui [le comte de B…], il ne voulait pas qu’on crût dîner chez un traiteur ; ses prétentions de famille s’étendaient jusqu’à l’office; il avait des traditions d’entremets.
Émile Legouvé
lettre adressée par son auteur à Édouard Charton, directeur du Magasin Pittoresque.
Elle fut, d’ailleurs, publiée dans cette revue, en juillet 1883.
offrande
Des grappes de raisin mûr, des tranches de grenade, de la pulpe blonde de pommes de pin, des amandes qui craignent d’être mordues, un rayon de miel, douce ambroisie, une pile de gâteaux sacrés, des gousses d’ail parfumées, de grosses poires qui excitent la soif des buveurs, telles sont les humbles offrandes que, à Pan, fier de sa houlette, à Priape, fier de sa verge énorme, consacre Philoxénide.
Crinagoras
dans Anthologie grecque - Épigrammes votives
Exauce-moi et viens, toute resplendissante dans ta robe de pourpre : voici une triple offrande de gâteau, voici, chaste Déesse, une triple offrande de vin pur.
Tibulle
Élégies, livre 4, élégie V, À Junon, Iers. av. J.-C.
On a construit auprès du temple une grande salle, où ceux qui viennent consulter Esculape, après avoir déposé sur la table sainte, des gâteaux, des fruits et d’autres offrandes, passent la nuit, couchés sur de petits lits ; un des ministres leur ordonne de s’abandonner au sommeil, de garder un profond silence, quand même ils entendraient du bruit, et d’être attentifs aux songes que le dieu va leur envoyer ; ensuite il éteint les lumières, et a soin de ramasser les offrandes dont la table est couverte.
Abbé Barthélemy
Voyage du jeune Anacharsis en Grèce
Un homme, un roi, le farouche Lycaon, venait d’y sacrifier un enfant à ces dieux qu’on outrage toutes les fois qu’on outrage la nature. L’hommage que leur offrit Cécrops* était plus digne de leur bonté : c’étaient des épis et des grains, prémices des moissons dont ils enrichissaient l’Attique, et des gâteaux, tribut de l’industrie que ses habitants commençaient à connaître.
Abbé Barthélemy
Voyage du jeune Anacharsis en Grèce
* Cécrops, en 1657 avant J.-C.
Après avoir rangé et dépassé ces monuments, on atteint, 100 stades plus loin, la ville d’Arsinoé. Cette ville portait anciennement le nom de Crocodilopolis, et en effet le crocodile est dans tout le nome l’objet d’un culte particulier. Le crocodile sacré est nourri dans un lac à part, les prêtres savent l’apprivoiser et l’appellent Such. Sa nourriture consiste en pain, en viandes, en vin, que lui apporte chacun des visiteurs étrangers qui se succèdent. C’est ainsi que notre hôte, personnage considérable dans le pays, qui s’était offert à nous servir de guide ou de cicerone, eut la précaution, avant de partir pour le lac, de prendre sur sa table un gâteau, un morceau de viande cuite, ainsi qu’un flacon d’hydromel ; nous trouvâmes le monstre étendu sur la rive, les prêtres s’approchèrent, et, tandis que les uns lui écartaient les mâchoires, un autre lui introduisit dans la gueule le gâteau, puis la viande, et réussit même à lui ingurgiter l’hydromel. Après quoi le crocodile s’élança dans le lac et nagea vers la rive opposée ; mais un autre étranger survint muni lui aussi de son offrande, les prêtres la lui prirent des mains, firent le tour du lac en courant, et, ayant rattrapé le crocodile, lui firent avaler de même les friandises qui lui étaient destinées.
Strabon
Géographie, XVII, 1 - L’Égypte et l’Éthiopie, 38.
omelette
[…] et le cuisinier amateur, qui s’arme courageusement, aux environs du dessert, du bonnet de coton, de la poêle à frire et du Cuisinier royal, pour confectionner les omelettes soufflées, les blancs-mangers et les gâteaux de petit four […].
Francis de Valrine
« Les Villas Parisiennes », Prisme - Encyclopédie Morale du dix-neuvième siècle
Il a découvert que l’omelette était beaucoup plus délicate quand on ne battait pas le blanc et le jaune ensemble avec la brutalité que les cuisinières mettent à cette opération. On devait, selon lui, faire arriver le blanc à l’état de mousse, y introduire par degrés le jaune, et ne pas se servir d’une poêle, mais d’un cagnard en porcelaine ou de faïence.
Honoré de Balzac
La Rabouilleuse
Quand elle faisait quelque plat de sucrerie, elle s’écriait :
Je ne veux pas que monsieur y goûte… Il ne m’a jamais fait un compliment. Une fois, il m’a dit que mon omelette au rhum était brûlée. Alors je lui ai répondu : “ Elle seront toujours brûlées pour vous. ”
Émile Zola
La Conquête de Plassans
L’omelette surprise procure la double jouissance de mordre dans une croûte brûlante et de se rafraîchir le palais au contact parfumé des glaces.
Les 365 Menus du baron Brisse
— Qu’est-ce que j’aperçois ? Mme Prunet qui entre avec un nouveau plat. Qu’a-t-elle pu inventer encore!
Comme ils achevaient le plat en question, qui était une somptueuse omelette au rhum, le bruit lointain d’une trompe d’automobile retentit.
— Ce doit être monsieur Prunet, dit Philippe.
Pierre Benoit
Le déjeuner de Sousceyrac
Suivirent, délicieusement appétissantes, de petites omelettes roulées, farcies de cannelle, de sucre et de raisins secs, cuites à l’étouffée dans un mélange de beurre, de sucre, de jus de bigarade et d’eau de rose. Chaudes, empilées les unes sur les autres, elles étaient parsemées de sucre en poudre et de cannelle et nappées de jus de bigarade.
Orazio Bagnasco
Le banquet
orange
— Céleste, on va t’apporter une bouteille d’eau-de-vie que mon père a eue en 1802 ; fais-en une salade d’oranges ! cria-t-elle à sa belle-sœur.
Honoré de Balzac
Les petits bourgeois
Pour les trois quarts des Parisiens, ce fruit cueilli au loin, banal dans sa rondeur, où l’arbre n’a rien laissé qu’une mince attache verte, tient de la sucrerie, de la confiserie. Le papier de soie qui l’entoure, les fêtes qu’il accompagne, contribuent à cette impression. Aux approches de janvier surtout, les milliers d’oranges disséminées par les rues, toutes ces écorces traînant dans la boue du ruisseau, font songer à quelque arbre de Noël gigantesque qui secouerait sur Paris ses branches chargées de fruits factices.
Alphonse Daudet
Lettres de mon moulin
Ce que nous appelons nos soirées poétiques, assez pompeusement, comporte une partie matérielle importante. Il nous faut des biscuits à l’orange et du pain d’épice, des biscuits au gingembre et des bonbons acidulés, ou encore ces biscuits américains “ en forme de doigts ” enrobés de chocolat […].
Françoise Mallet-Joris
La maison de papier
Elle avait faim. D’habitude, elle se contentait de toasts à la confiture d’oranges.
Georges Simenon,
La disparition d’Odile
La théière d’argent, les pains ronds et craquants dont on enlève la mie, le sucre et le beurre bienenveloppés, le lait frais, le pot de confiture d’oranges au couvercle de métal doré, la tasse, la soucoupe, les assiettes, les couverts, la serviette en papier : c’est entre les objets, les aliments et les gestes, un rituel précis.
Robert Sabatier
Le Chinois d’Afrique
oreillette
[…] de légères pâtisseries friables appelées oreillettes que toutes les femmes de la maison fabriquaient chez la tante Marguerite pendant deux jours avant la sortie, sur la toile cirée recouverte de farine où l’on étalait la pâte au rouleau jusqu’à ce qu’elle recouvre presque toute la nappe, et, avec une roulette de buis, on y découpait alors les gâteaux, que les enfants apportaient sur des plats à la cuisson et qu’on jetait dans de grosses bassines d’huile bouillante, pour les aligner ensuite avec précaution dans les grands paniers à linge, d’où montait alors l’exquise odeur vanillée qui les accompagnait pendant tout le parcours jusqu’à Sidi-Ferruch, mêlée à l’odeur d’embrun qui de la mer parvenait jusque sur la route du littoral […].
Albert Camus
Le premier homme
orge
J’ai rompu pour mon déjeuner
Un petit pain d’orge et de miel,
Et ma cruche de vin lampée,
Aussi puis-je en me délassant
Faire résonner à présent
La cithare que j’aime bien,
Avec la fille à qui plaît
Le plaisir et que j’aime bien,
Á la fois chanter et danser.
Anacréon
VIie siècle av. J.-C
Deux sœurs nouvellement mariées, les yeux noirs et humides, les cheveux en larges tresses […] avaient préparé pour mon retour du miel et un gâteau d’orge.
Edgar Quinet
La Grèce moderne
oublie
On servit une telle abondance de mets, une telle profusion de vins, d’oublies, d’hypocras, que chacun se demandait d’où tout cela pouvait venir.
Jean d’Arras
Mélusine
[…] ils [les Escots] jettent cette pierre au feu et détrempent un peu de leur farine et d’eau ; et quand leur pierre est échauffée, ils jettent de cette claire pate sur cette chaude pierre, et en font un petit tourtel, en manière d’une oublie de béguine, et le mangent pour reconforter leur estomac.
Jean Froissart
Les Chroniques, volume 1, chapitre XXXIV
S’il [Carême prenant] guignait des yeux, c’étaient gauffres et oublies.
François Rabelais
Le Quart Livre
La femme (nommée Vertu) [entre en scène avec un corbillon sur les épaules et criant :]
Oublie ! oublie ! oublie !
Pouvoir temporel
Desployez-nos ici contant,
Les dez dessus le corbillon.
La femme
Sans nulle faulte, compaignon,
Voulentiers je vous l’ouvriray.
Gringore
La Farce du Bien mondain
S’aporte gaufres et oublées,
Fromages et amandes pelées,
Poires, espices et des nois
Tant pour florins et gros tournois
Que nous en ayons a plantées.
Watriquet Brassenel
Le dit des trois Dames de Paris*
* Fabliau médiéval cité par Georges et Germaine Blond (Festins de tous les temps, 1976).
C’était l’heure où les provisions se font, où les ménagères vont au marché des poissonniers, où les cliquettes des pannetiers et des marchands d’oublies et les crécelles des quêteurs se font entendre dans les rues.
Alexandre Dumas
Olympe de Clèves
C’est de là pourtant, du plus bas peuple, de ces créatures disgraciées et flétries dans tout leur être, que sortait tout ce monde de femmes, les enchanteresses du temps, les reines de la beauté et de la galanterie, une Laguerre, fille d’une marchande d’oublies, une Quoniam, fille d’une rôtisseuse […].
Edmond et Jules de Goncourt
La Femme aux dix-huitième siècle
Cette ruelle noire des Douze-Maisons, éclairée seulement d’un réverbère au bout, était comme la coulisse du beau décor environnant. Tout ce qu’il y avait de paillons dans ce luxe venait se réfugier là, galons de livrée, maillots de clowns, […] les guignols, les marchandes d’oublies, et puis des tribus d’aveugles qui revenaient le soir, chargés de pliants, d’accordéons, de sébiles.
Alphonse Daudet
Arthur, dans Contes du Lundi
Elle portait une délicieuse toilette bleue d’une coupe paysanne, la taille haute, le corsage formant fichu, presque un déguisement, pour avoir bien l’air d’une marchande de pains d’épice et d’oublies.
Émile Zola
Son Excellence Eugène Rougon
Facétieuse, une marchande d’oublies présenta sa pâtisserie à un gentilhomme coiffé du lampion à cocarde blanche :
— En voulez-vous, mon ci-devant ?
Et la foule, secouée de joie railleuse, suivit :
— il faut en prendre un peu tout de même, marquis !
Paul Adam
L’enfant d’Austerlitz
[…] Une chanson qui dit un mal inguérissable
Plus triste qu’à minuit la Place d’Italie
Pareille au Point-du-Jour pour la mélancolie
Plus de rêves aux doigts que le marchand de sable
Annonçant le plaisir comme un marchand d’oublies[…].
Louis Aragon
Le paysan de Paris chante
[…] l’aimable vieillard me donna deux sous, pour aller acheter des “ oublies” au marchand qui était au bout de l’allée.
Marcel Pagnol
La gloire de mon père
Étant avec le duc de La Ferté et le chevalier d’Argenson, ils envoyèrent quérir un marchand d’oublies qui, se trouvant assez joli garçon à leur gré, ils le voulurent traiter en fille […].
Françoise Chandernagor
L’Allée du Roi
oublieur
Clerc suis de taverne et vens pain ;
Je suis oublieur, je ven meulle,
J’oste aux bestes les dents en gueulle. [
Cousin suis a la dame Alix.
Je sçait faire bancs et chalix
Et toute sorte de mesnage […].
Christophe de Bordeaux
Varlet a louer a tout faire*
* 139-144, in Anatole de Montaiglon, Recueil de poésies françoises des XVeet XVIe siècles, 1855.
Durant leurs jeux vint à passer un oublieur avec son tambour et son tourniquet, qui cherchait pratique. Tandis que la gouvernante hésitait et disputait j’appelai l’oublieuret je lui dis : faites tirer toutes ces demoiselles chacune à leur tour et je vous paierai le tout […] afin de rendre la fête encore plus gaie, je dis en secret à l’oublieur d’user de son adresse ordinaire en sens contraire en faisant tomber autant de bons lots qu’il pourrait, et que je lui en tiendrais compte.
Jean-Jacques Rousseau
Rêveries du promeneur solitaire
Non, ce n’est point pour elle que le soleil éclaire, elle méprise cette clarté bourgeoise ; elle ne sort de chez elle qu’avec les oublieux, et n’y rentre qu’à la faveur des crieurs d’eau-de-vie.
Regnard
Le Divorce
Au milieu de ce sabbat de chemins égarés et de cahutes ivres, la foule grouillait, harcelée par les cloches qui la conviaient aux offices, arrêtée par des moines qui quêtaient au nom de “ Jésus, notre Sire ”, amusée par les cris des marchands qui se croisaient, par les chandeliers qui bramaient à tue-tête : “ chandoille de coton, chandoille ! ” par l’herbier qui annonçait ses anis fleurant comme baume, par l’oubloier cher aux enfants, le fabricant de gâteaux secs et de rissoles, qui lançait ce refrain singulier, tout à la fois surpris et peureux : “ Dieu ! qui appelle l’oubloier? ”
Joris-Karl Huysmans
La Bièvre et Saint-Séverin
Cependant, vous allez d’aventure par les rues rencontrer un oublieux qui crie ses oublies, ou un pâtissier, ses pâtés mais, par la benoîte Vierge, Monsieur, ne buvez pas l’eau de Seine des porteurs !
Robert Merle
Paris Ma bonne ville
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